Le coin du président

Inauguration de l’académie internationale de lutte contre la corruption (AILC): Attentes

Dr. Naser J. Al-SaneLe Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a inauguré l’AILC à Laxenburg (à 15 kilomètres au sud de Vienne en Autriche) en septembre 2010. Plus de 1 000 participants internationaux du gouvernement, des secteurs public et privé, de la société civile, du milieu universitaire et des médias ont assisté à l’événement. La vision de l’AILC compte maintenant 36 signataires qui entérinent sa mise en place, indiquant ainsi l’engagement ferme d’unir leurs efforts pour lutter contre la corruption. L’événement a été organisé par le gouvernement de l’Autriche, en étroite collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et a été appuyé par l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF). La conférence avait pour thème « De la vision à la réalité: une approche nouvelle et holistique de la lutte contre la corruption » pour indiquer que l’AILC aidera les pays à mettre en œuvre la CNUCC et d’autres traités et conventions, participera à l’éducation, la recherche, la formation professionnelle et la prestation d’aide pour la tenue d’enquêtes en matière de lutte contre la corruption.

En tant que représentants de la GOPAC, les membres de mon équipe et moi-même avons été témoins d’un événement historique, soit l’inauguration de l’AILC, une étape cruciale de la lutte contre la corruption.  La mise en place de l’académie est aujourd’hui la preuve que les visions peuvent se concrétiser. 

Pourquoi une académie de ce genre est-elle importante?  Selon les estimations de la Banque mondiale, on perd chaque année un montant scandaleux de 1 billion de dollars américains (1 T US$) ou plus en raison de la corruption. La corruption est tellement généralisée et ancrée dans nos sociétés qu’elle est devenue un mode de vie.  Bien que j’appuie entièrement la mise sur pied de l’AILC, je suis enclin à évaluer de manière objective mes attentes à l’égard de cet organisme en gardant à l’esprit la dure réalité et ma vaste expérience de la lutte contre la corruption.  Un grand nombre de questions sont soulevées sur la mesure dans laquelle il est possible de professionnaliser la lutte contre la corruption et de faire en sorte qu’elle soit un domaine du savoir?  Dans quelle mesure cette formation peut-elle sensibiliser et tenir compte de la dure réalité?  Cette formation peut-elle transcender les nombreuses diversités économiques, culturelles et religieuses?  La corruption a une caractéristique unique et souple faisant en sorte qu’elle peut innover et s’adapter à différentes situations et évoluer au fil du temps.  Dans quelle mesure l’académie peut-elle être alerte et souple pour pouvoir cerner ces nouvelles tendances en constante évolution?  Quelle sera l’incidence de ce groupe de « pourchasseurs de la corruption » formés à l’académie sur leur société?

Les réponses que j’ai recueillies m’ont non seulement encouragé et ont renforcé ma confiance, mais elles ont rehaussé mes attentes à l’égard de cet organisme.  Tout le monde sait que la corruption est engendrée par le besoin, la cupidité, la faible moralité, la nature abusive et, parfois, la détresse des gens dans la société.  L’approche adoptée par l’académie à l’égard de la corruption en tant que concept global, exhaustif et interdisciplinaire permettra d’améliorer la manière dont les connaissances et les compétences pour lutter contre la corruption sont acquises et transmises à la société.

L’académie comblera les lacunes relevées dans les connaissances actuelles et recueillera plus de renseignements sur les différentes pratiques adoptées à l’échelle mondiale et, pour ce faire, elle devra compter sur des connaissances spécialisées et des compétences lui permettant de relier la compréhension de la corruption en tant que menace internationale et intersectorielle et de s’attaquer à ce problème en utilisant une approche interdisciplinaire, interrégionale, interculturelle et intersectorielle.

La mise en place d’un comité consultatif supérieur international et d’un comité consultatif universitaire international dont les membres proviennent d’organisations universitaires, internationales et régionales, du système de justice pénale et d’organismes d’exécution de la loi aidera l’académie à produire un programme réaliste plus pertinent et exhaustif.  Après avoir visité les installations d’avant-garde de l’académie pour la formation et sachant que la faculté est exceptionnelle, je suis convaincu que l’académie aura une incidence importante sur la lutte contre la corruption.

Enfin, l’entreprise internationale et un réseautage solide sont essentiels pour soutenir ces efforts. Les associations avec des organisations comme la Malaysian Anti-Corruption Academy (MACA), la International Association for Anti Corruption Authorities (IAACA) et le Basel Institute of Governance offrent à l’académie l’unité nécessaire pour comprendre la corruption à l’échelle mondiale et régionale.  Le soutien d’Interpol, qui offre son expertise en matière d’exécution de la loi pour définir le programme en plus de promettre un don de 250 000 $US à l’académie à partir des contributions de la Fondation Motorola, est digne de mention.

Cela vaudra vraiment la peine de voir les résultats de cette organisation internationale toute récente.  Je lui souhaite le meilleur des succès!

Dr. Naser J. Al-Sane
Chair, GOPAC
November 2010

Nov 16, 2010